« La vie est ainsi, faite de hauts et de bas, de mensonges et de vérités, de joies et de peines. Ces sentiments pourtant opposés constituent la base même de l’équilibre du bien être. Il est impossible de connaître la joie si la peine nous est inconnu, ou de deviner une vérité derrière une parole s’il nous est impossible de reconnaître un mensonge. Car dans le cas contraire, notre bien-être face à la joie ou à la vérité peut être amoindri. »

Et moi, je connais surtout le mensonge. Mentir pour arriver à ses fins, mentir pour se défendre, et parfois même, mentir pour s’amuser. Imaginez un monde sans mensonge, où seule la vérité serait de mise. Plus de façade, plus de manipulation, plus de fausses promesses. La politique finirait par disparaître puisqu’elle me semble fondée sur le mensonge, les magiciens pareil. Le métier d’enquêteur serait bien inutile, tout comme celui de juge. Voyez-vous, le monde paraîtrait bien fade sans mensonge…

Je mis un point final à ma dissertation. Thème de celle-ci : « J'aime la vérité. Je crois que l'humanité en a besoin ; mais elle a bien plus grand besoin encore du mensonge qui la flatte, la console, lui donne des espérances infinies. Sans le mensonge, elle périrait de désespoir et d'ennui. ». Cette dissertation me concernait tout à fait. Mensonge, mentir, menteuse. Le premier jet était fait. Il fallait maintenant que j’ajoute quelques citations importantes sur le mensonge pour confirmer ma thèse, que je reformule éventuellement certaines phrases pour éviter de choquer mes camarades de classes qui ne me connaissaient que sous ma façade : timide, travailleuse et réservée.

Je pris un bloc de feuilles lignées car il s’agissait d’un texte, un stylo bleu, quelques fluos de différentes couleurs et quelques bics de couleur également. Et surtout, je pris mon précieux brouillon de la dissertation. Je mis rapidement un gilet puisqu’il faisait souvent froid à la bibliothèque et m’y rendis. Je m’assis à une table, sans faire attention aux personnes qui se trouvaient dans la pièce, ni même autour de cette table. La concentration était pour moi primordiale lors d’un travail. J’allai me chercher un dictionnaire, ainsi qu’un dictionnaire des citations. Et je commençais à barrer, colorer, réécrire sur ma feuille qui était devenue une sorte de dessins aux mille couleurs.

Une fois que j’eus fini, je me rangeai mes affaires, et allai remettre les dictionnaires à leur place. Enfin, je voulus le faire. Car en me dirigeant vers le rayon des dictionnaires, quelqu’un me fonça dedans. Je laissai tomber les dictionnaires sur les pieds de cette personne qui était par terre. Je daignai enfin la regarder… et je tombai sur ma petite cousine, Jersey. Tout de suite, mon visage vira au rouge… ou presque !

_ Je peux savoir ce qui te prend ? Fais un peu attention, pardis !

Et je continuai mon chemin, voulant une nouvelle fois aller ranger mon dictionnaire. C’est alors que je me pris le pied dans quelque chose, et que je me retrouvai face contre terre. Un dictionnaire. Il semblerait que la maladresse soit de famille, chez nous. Ou alors, c’était elle qui était contagieuse car quand elle n’était pas là, tout marchait droit pour moi…