Where do you sleep when the night comes?

Where do you sleep when the night comes?

Avec un gémissement étouffé, Kora tendit la main jusqu'à son réveil, et mit quelques secondes pour le trouver, alors que son épaisse couverture la dissimulait entièrement. Finalement, ses doigts trouvèrent la machine du diable, et elle appuya dessus une fois, puis deux. Constatant que la sonnerie continuait de retentir malgré tout, elle finit par le jeter à même le sol, et le réveil finit enfin par s'éteindre -Dieu merci! Le silence retomba dans la chambre, et Kora dut se fait violence pour se redresser, l'apesanteur et l'appel de son lit douillet étant les plus forts. Finalement, elle repoussa la couverture, et les yeux toujours clos, s'appuya contre le montant de son lit. Un silence absolu regnait dans la chambre, ce qui signifiait soit que sa colocataire n'avait pas entendu le réveil, et dormait encore, soit qu'elle n'était pas là. Et en soulevant une paupière, elle put constater qu'elle était seule.
Sa colocataire numéro un, Chelsea, ne devait arriver que le lendemain, d'après ce qu'elle savait, elles n'étaient donc que deux dans la grande chambre. Mais sa colocataire numéro deux, Eden, avait une fois de plus découché. Cela lui arrivait assez fréquemment ces derniers temps, ce qui ne dérangeait pas Koralyne outre mesure. Au contraire, elle avait la chambre pour elle, ce qui était assez appréciable à certains moments. Ce matin-là donc, elle était seule, et lorsqu'elle mit pied à terre, elle s'étira longuement, son t-shirt se soulevant légèrement. Puis elle se dirigea d'un pas chancelant vers les deux fenêtres et les ouvrit en grand, avant de faire son lit. Son premier rituel du matin fait, elle passa au second, et attrapa sa trousse de toilettes et une serviette, avant de quitter la chambre pour se rendre dans la petite pièce d'eau attenante à la chambre. A St Lawrence, il y avait des douches et des sanitaires communs à tout un étage, mais pour plus de commodités, chaque chambre avait également un petit cabinet de toilettes avec un lavabo et des wc, pour le cas où. Koralyne savait que les élèves les mieux nantis avaient des salles de bains privatives, mais quand on décide de partager sa chambre, on partage aussi sa douche, ce qui ne la dérangeait pas trop. Comme cette année, il n'y avait que des filles à son étage, elle savait que tout resterait propre en permanence, une différence appréciable avec les années précédentes, où elle devait partager les douches avec une armée de garçons ayant une propreté parfois douteuse.

En sortant de la pièce d'eau, elle se sentait un peu plus fraiche, les dents propres, le visage lavé et elle était surtout un peu plus réveillée. Avec un soupir de satisfaction, elle consulta d'un regard le calendrier qui était accroché au dessus de son bureau. Dans une chambre comme celle qu'elle avait, il y avait quatre lits, quatre bureaux, deux armoires et deux commodes. Comme pour l'instant elles n'étaient que trois, elles avaient demandé l'autorisation de faire disparaitre le quatrième lit, ainsi qu'une des deux commodes, leur permettant de gagner beaucoup plus d'espace. Elles avaient chacune leur petit coin personnel, décoré sobrement, comme le règlement l'imposait.
Le coin de Koralyne était des plus chaleureux, avec des teintes chocolat et or. Son dessus de lit était brodés de fils dorés, et au dessus de son lit elle avait accroché une grande affiche d'éclipse encerclé d'une petite guirlande lumineuse. Son bureau croulait sous les papiers, les cahiers de croquis débordant d'esquisses, le matériel de dessin. Soigneusement rangés sous son bureau attendaient ses livres scolaires, tous neufs et attendant d'être utilisés. Son calendrier indiquait que la rentrée aurait lieu dans trois jours, mais Koralyne était revenue dès l'ouverture de St Lawrence, désireuse de retrouver ses marques.

Avec un hochement de tête, la jeune fille se passa la main dans ses cheveux bouclés, et attrapant d'un geste automatique sa brosse à cheveux, entreprit de démêler les nœuds que sa nuit de sommeil avait laissé dans sa chevelure. Appuyée contre son bureau, elle contempla le lit non défait d'Eden, et celui qui serait le lit de Chelsea. Pour l'heure, seule l'absence d'Eden se faisait sentir, et Koralyne se demanda vaguement où celle-ci avait pu aller. Faire la fête en ville? Possible, mais tant que les étudiants n'étaient pas encore arrivés, il ne devait pas y avoir grand chose d’intéressant à faire. Peut-être avait-elle pris un taxi pour pousser un peu plus loin, mais elle en doutait sérieusement. Fouillant dans sa mémoire, Kora essaya de savoir si Eden lui avait parlé d'une fête à laquelle elle aurait pu vouloir aller, et qui justifierait son absence de la nuit, mais elle n'avait pas souvenir d'avoir parler d'une telle chose. Du coup, Kora ne sut à quoi s'en tenir.
Comme les cours n'avaient pas encore commencés, les surveillantes ne s'occupaient pas de savoir si les élèves étaient dans les dortoirs ou non, ce n'était pas vraiment un problème qu'Eden soit là ou non, mais dès que la rentrée aurait eu lieu, il allait falloir qu'Eden cesse d'aller dormir ailleurs. Koralyne s'en moquait, en vérité. Eden était une grande fille, plus âgée qu'elle d'ailleurs, et de toutes manières l'internat était située dans un endroit reculé, et tranquille. Il n'y avait rien à craindre. Mais Eden allait au devant de grands ennuis, si elle était attrapée ailleurs que dans son lit durant la nuit.

Avec un haussement d'épaules, Koralyne reposa sa brosse à cheveux, et secoua ses boucles brunes qui retombaient sur ses épaules. D'un geste elle les noua en un chignon d'où s'échappèrent plusieurs mèches, et elle hésita. Elle n'avait pas encore recouvert ses manuels du papier plastique visant à les protéger, et en contemplant le fouillis de son bureau, elle se dit qu'elle avait tout intérêt à y mettre de l'ordre. Et il y avait encore les sacs en papiers remplis de vêtements neufs, ses derniers achats, qui attendaient d'être rangés dans l'armoire qui était la sienne. Optant pour ce qui était le moins amusant, elle poussa un soupir résigné, et tendit la main vers le papier plastique, vers le ciseau et vers le scotch. Puis elle se mit à la tache.

(mise en forme par Andrew ♥)

Invité

Eden avait une fois de plus découché, une fois encore la jeune fille n'avait pas jugé utile de révéler à sa colocataire ou elle allait passer la nuit. Pourtant sur le chemin du retour la jeune fille commençait sérieusement à envisager de lui dire la vérité sur ses virées nocturne, ne serait ce que pour avoir de l'aide les soirs ou elle partirait en douce de l'internat. Le taxi la déposa devant les grilles de Saint law, la belle brune donna quelques billets au conducteur en lui intimant de garder la monnaie, d'un pas lent elle traversa le parc qui menait au dortoir. Eden essayait de voir comment annoncer cela à la seule amie qu'elle avait, et avec qui elle partageait occasionnellement sa chambre, car il fallait bien être honnête si Eden avait passé deux nuit dans leur chambre c'était bien beau.

Consultant sa montre la jeune fille accéléra le pas, pour une fois elle avait envie d'être la avant que Kora n'ouvre les yeux tant l'impatience de lui raconter sa nuit était grande.
Croisant son reflet dans la porte vitrée, Eden s'inspecte rapidement, ses cheveux encore lissé commençaient quelque peu à tirer la tête, certaines mèche bouclaient même à nouveau, ses joues étaient un peu plus colorées suite à sa nuit de folie, d'ailleurs elle se demandait par quel miracle son maquillage avait tenu, ses habits n'avait plus l'air aussi net qu'à son départ. Son top vert avait une allure quelques peu froissé quand à son pantalon slim il avait lui aussi été malmené. Eden esquisse un sourire, vu la nuit passée elle s'en tirait à moindre mal.

Montant les escaliers quatre à quatre, la jeune fille fini par rejoindre sa chambre rapidement, avec beaucoup de précaution, qui s'avéreront inutiles, Eden abaissa la poignée et poussa la porte le plus silencieusement s’apprêtant à entrer sur la pointe des pieds, car connaissant quelques peu Kora il était fort rare qu'elle soit debout à une heure aussi matinale. D'un côté Eden espérait que sa colocataire soit éveillée ainsi elle n'aurait pas trop à faire attention au bruit quand elle chercherait ses affaires de toilette, car fidèle à elle même la jeune fille n'avait pas encore rangé ses affaires, trop habituée à se faire rapidement renvoyée. Eden ne déballait que rarement ses bagages, cela avait d'ailleurs amusé Kora. L'adolescente poussa la porte et trouva une chambre inondée de soleil, un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres, sa prière avait été entendue. Jetant un coup d'oeil circulaire à la chambre, Eden trouva Kora penchée sur son bureau occupée... Occupée à quoi d'ailleurs, Eden fronça les sourcils et avança à pas feutré afin de jeter un coup d'oeil pardessus l’épaule de son amie... Pouaah les livres, mais comment Kora pouvait-elle faire ça maintenant? Décidément cette fille était pleine de surprise, rapidement leur rencontre défile devant ses yeux, un petit sourire viens jouer sur son visage....

-" Salut toi! Oui je sais j'ai pas dormi ici, promis je te raconte tout! Mais là Kora chérie, je rêve de prendre une bonne douche!!!! "

La pauvre Kora n'avait même pas eu le temps d'ouvrir la bouche, ou si elle le fit Eden ne le vit pas, en effet elle s'était dirigée droit sur ses valises pour chercher ses affaires de toilettes, d'un pas rapide elle gagna les douches communes. C'était la première fois que la jeune fille n'avait pas de salle de bain privative, en effet dans les nombreuses écoles qu'elle avait fréquenté Eden n'avait jamais ô grand jamais partagé sa chambre... Mais ici c'était différents, c'était grâce à Kora qu'elle avait atterrit ici. Car quand la mère d'Eden avait apprit son énième incartade elle avait piquée une telle crise qu'il était clair que la jeune fille finirait en pension. c'est paniquée qu'Eden avait joint son amie qui lui avait parlé de Saint Law, Eden avait donc en cachette fait envoyé le dossier à l'ambassade américaine de Rome ou sa mère en avait eu connaissance. Et voilà comment elle petite stars montante elle s'était retrouvée enfermée ici avec des gosses de riches...

Se glissant sous l'eau chaude la jeune femme continue sur le fil de ses pensées...
Enfin gosses de riches, elle n'avait pas encore rencontrer tout le monde, d'après Kora les cours ne commençaient pas avant trois jours, Eden n'avait jamais eu une très bonne notions du temps, d'ou le fait qu'elle était souvent en retard. En tout cas Eden espérait bien s'entendre avec la troisième locataire de la chambre, une certaines Chelsea, Koralyne lui en avait rapidement parlé, mais comme à son habitude Eden n'était pas des plus attentive imaginant déjà de nouvelle mélodie pour une chanson du coup son manque d'information était flagrant, mais cela lui importait peu.

Après s'être savonnée et lavé les cheveux, la jeune fille s'enroula dans une grande serviette pour se sécher assez sommairement, c'est donc uniquement vêtue de sa serviette éponge que Eden rejoint sa chambre tout en séchant ses cheveux. S’asseyant sur le lit, la jeune fille commence à farfouiller dans sa valise pour chercher de nouvelles fringues et surtout sa lotion pour peau mate, qui semblait s'être perdue loin de sa trousse de toilette et impossible de savoir ou est ce qu'elle avait bien pu la passer. Pour les fringues le choix fut vite fait, un jean avec une marinière rouge et blanche, des chaussures à talons, pour ses cheveux ils sécheront à l'air libre en formant de grosses boucles noire ébène autours de son visage, mais c'est avec un sourire triomphant qu'elle émerge du fond de sa valise avec la lotion tant recherchée.

Rapidement elle se glisse dans leur micro cabinet de toilette pour finir de s'habiller et de se préparer, une fois plus ou moins coiffée, les dents brossées et son corps recouvert de lotion, Eden ressort et s'installe sur le lit, fixant Koralyne de ses grand yeux marrons, elle se sentait nerveuse et ne savait pas trop par ou commencer, en cet instant la jolie brunette ne rêvait que de s'étendre sur son lit et dormir quelques heures... Il faut dire que l'information qu'elle allait lâcher aurait l'effet d'une bombe et la réaction de son amie l'inquiétait.
Pourtant alors qu'elle avait préparé son monologue, la phrase qui sortie de sa bouche n'avait rien à voir.

-" Ça vas toi ? Bien dormi? "

Effectivement vraiment rien avoir se dit-elle, finalement Eden se décida à attendre que Kora lui pose la question, car là elle ne savait plus par quel bout commencer, et puis surtout c'était interdit !!!! Dieu merci pour le moment elle avait la chance d'avoir une camarade de chambre qui ne posait pas trop de question, des surveillants qui profitaint de leurs derniers jours de repos avant un très long moment. Mais durant l'année ses escapades seraient beaucoup plus compliquées à mettre en place.

Peut-être Eden en avait-elle eu assez du pensionnat, après une année à faire ce que bon lui semblait, et peut-être avait-elle décidé de repartir en Italie -ou ailleurs. Il était évident que la jeune fille avait un esprit libre, qu'elle n'aimait pas suivre les règles, et peut-être que l'idée de devoir subir un règlement aussi strict que celui de St Lawrence High School l'avait poussé à plier bagage. Même si cela semblait peu probable, cela restait une possibilité, et Kora tendit la main vers son Blackberry pour s'assurer qu'Eden ne lui avait pas envoyé de messages. Mais son écran n'affichait aucun nouveau message, et elle le reposa pour poursuivre sa tache.
Non, si elle avait décidé de repartir, elle aurait au moins pris la peine de m'avertir, songea Koralyne en découpant un grand rectangle de papier plastique pour emballer son manuel d'astronomie. Et puis, elle n'aurait certainement pas laissé sa guitare sur place, constata-t-elle en jetant un coup d'oeil à l'étui qui reposait près du lit d'Eden, et elle posa son livre d'astronomie sur la pile des livres recouverts.

Songeuse, elle attrapa son manuel de français et découpa un nouveau morceau de papier plastique. L'idée lui vint alors qu'Eden avait forcément un petit ami, ce qui expliquerait qu'elle découche. Son copain ne devait pas être élève à St Lawrence, parce que même si les surveillants n'avaient pas encore investis les dortoirs, leurs accès en étaient toutefois sévèrement contrôlés, le nouveau règlement étant appliqué très scrupuleusement. Les filles n'avaient pas le droit d'aller dans le dortoir des garçons. Koralyne supposa donc qu'il devait s'agir d'un garçon vivant en ville. Peut-être un étudiant en vacances, la ville de St Lawrence étant assez touristique puisque située non loin de New York. Oui, c'était tout à fait probable, et elle hocha la tête, comme pour confirmer ses propres pensées.

Soudain, la voix d'Eden -quand on parle du loup- la tira de ses pensées, et elle sursauta. Elle ne l'avait pas entendue approcher, trop occupée qu'elle l'était, et elle se retourna. Eden se tenait derrière elle, un sourire aux lèvres, les cheveux emmelés et les vetements froissés. Et bien, il n'y avait maintenant plus aucun doute, Eden voyait quelqu'un. Kora ouvrit la bouche pour la saluer, mais Eden ne lui laissa pas le temps d'en placer une et lui promit de tout lui expliquer après avoir pris une douche. Quelques secondes plus tard, Kora se retrouvait à nouveau seule, son livre de français à moitié recouvert. Perplexe, elle haussa les épaules et scotcha le papier plastique pour le faire tenir, puis déposa son livre sur la pile adéquate.
Elle en avait presque terminé avec ses couvertures en plastique lorsqu'Eden revint, et Kora l'observa du coin de l'oeil, cherchant un signe qui montrerait qu'effectivement, Eden avait quelqu'un dans sa vie. Si c'était le cas, ce n'était pas très visible en tout cas, pas maintenant qu'elle sortait de la douche. Alors qu'elle déposait son livre d'histoire fraichement recouvert sur la pile grandissante, Kora leva à nouveau les yeux vers Eden, qui avait terminé sa toilette et s'était laissé tomber sur son lit, un peu plus disposée à parler à présent.

" Ca va merci. " répondit Kora avec un hochement de tête, et elle prit le temps de découper un nouveau morceau de papier plastique, attrapa son énorme manuel de littérature et fit pivoter sa chaise roulante vers Eden. " Alors, comment il s'appelle? " lança-t-elle avec malice, un fin sourire se dessinant sur les lèvres, et elle haussa les sourcils.

Ses mains plièrent le papier plastique avec automatisme, épousant parfaitement la couverture de son livre, et d'un geste précis elle découpa un morceau de scotch.

" Et c'est inutile de prétendre le contraire. J'ai mis du temps à le comprendre, mais je crois que je sais pourquoi tu dors dehors : tu as un petit copain! Est-ce qu'il est élève ici? Ou est-ce qu'il habite en ville? Oh, je sais! " s'exclama-t-elle en suspendant son geste, et elle tendit la main vers Eden, un bout de scotch collé aux doigts. " C'est le charmant garçon qui travaille au café, tu sais celui qui prépare les smoothies! Aha je suis sûre que c'est lui, il te faisait de l'oeil l'autre jour! " ricana-t-elle, une lueur canaille au fond des yeux, et elle termina d'emballer son livre.

Constatant qu'elle les avait tous recouverts, elle rangea son matériel -comprenez par là qu'elle déposa la tout sur la masse déjà instable de papiers et de crayons de son bureau- et ramena ses jambes sous elle, s'asseyant en tailleur sur la chaise roulante, et elle tendit le menton vers Eden, l'invitant à lui en dire plus.

Invité

Eden à peine installée sur son lit et sa première phrase prononcée, la jeune fille se retrouvait bombardée de questions, même un doigts recouvert de scotch vient se secouer devant son nez. La brunette observa sa camarade de chambre un sourire grandissant sur son visage, sourire qui très vite se transforma en un formidable fou-rire, ses cheveux tressautaient sur ses épaules souplement. Eden se laissa tomber en arrière regardant le plafond au dessus de son lit avant de rouler sur le ventre, et faire fasse en gesticulant à Koralyne. S'est donc allongée sur le ventre les bras croisés, le menton appuyé dessus que Eden écouta son amie poser encore plein d'autres questions...
Elle est presque pire que l'inquisition par moment
Observant le bureau de son amie, Eden constata que la jeune fille avait terminé de plastifier ses livres... Vaguement elle pensa qu'elle même allait devoir y passer, une vague grimace tordit ses lèvres marquant bien le fait que Eden n'avait pas la moindre envie de le faire. Poussant un soupir Eden regarde à nouveau Koralyne avant de grimacer suite au dernier commentaire de son amie.

-" Le garçon qui faisait les smoothies?

Eden part dans un nouveau fou-rire, c'est après quelques minute et son souffle retrouver qu'elle reprend.Les joues rosies par la soudaine chaleur qui monte et grignote son visage. La jeune femme plaque ses mains sur son visage afain de refroidirent ses joues.

-" Koralyne, il faudrait que tu ouvres les yeux ma chérie, c'est pas à moi qu'il faisait du rentre dedans mais à toi ..."

Eden lève les yeux au ciel en soupirant, décidément Koralyne était parfois bien naïve, ou alors c'est qu'elle ne faisait pas du tout attention à ce qui se passait quand les garçons se retournaient sur elle, presque à la limite de baver sur son passage comme des limace. Chose qui amusait prodigieusement Eden.
Puis celle-ci se redressa pour parler plus sérieusement, après tout c'était une affaire d'une grande importance sur laquelle les deux adolescentes allaient discuter pendant un long moment, Eden en mettrait sa main à couper, surtout connaissant Koralyne.
Eden leva les mains en signe d'apaisement en préalable à tout ce qui pourrais être balancer à la fin de son petit laïus.

-" Bon chérie j'espère que tu es bien assise parce que j'ai une chose à te dire... Mais surtout ne m'interrompt pas, parce que sinon je crois que je pas y arriver."

Eden prie une profonde pour ce donner le courage de se lancer.

-" Tu avais raison, j'ai un copain, il n'est pas élève à Saint Law, enfin il est à Saint law... Et oui il habite en ville. Bon Koralyne.. Il y a quelques jours je suis allée à une soirée en ville, franchement la boite était top, une musique de dingue. J'ai vu plusieurs élève de saint Law. enfin bref...
Assit dans l'ombre de la terrasse il y avait un type, hyper canon, il fumait un gros cigare de cuba, et quand il parlait il avait un petit accent français... Je te jure il me fait craquer.
Bon voilà depuis on se voit régulièrement mais en cachette, parce que bon il est pas mal plus âgé que moi. "

Plus Eden parlait plus elle était surexcitée. Et puis elle était tellement heureuse, pas amoureuse mais elle se sentait bien auprès de cet homme mûr et qui plus est il la traitait en adulte malgrè leur différence d'âge conséquente. La jolie brune à la peau mate attrape la main de son amie avant la fixer.

-" Kora j'ai une liaison avec un homme qui pourrait presque être mon père, il travail à Saint Lawrence ... Si je te dis Antoine Constantin ... Prof de français ?
Allez s'il te plait fait pas la tête c'est arrivé comme ça ..."

Eden se recula pour juger de l'effet de ses paroles sur Koralyne tout en se préparant mentalement à toute une slave de remontrance, de questions plus farfelues les unes que les autres et surtout la leçon de moral qu'il ne manquerait sans doute pas de suivre. Eden tira sur sa marinière pour la remettre en place, tout en se relevant pour s'installer en tailleur sur le lit. D'un geste la jeune fille ramasse des cheveux brun bouclés pour les ramener sur son épaule gauche. Eden essayait surtout de ne pas attraper sa guitare pour travailler une musique qui lui trottait dans la tête depuis qu'elle était montée dans le taxi en partant de chez Antoine.
En tout cas Eden croisait les doigts pour que Kora ne la juge pas trop sévèrement et que leur amitié n'en serait pas lésée par cette incartade. Cela l'aurait beaucoup attristée.

Curieuse de nature, Koralyne ne pouvait laisser passer une occasion de toujours en savoir plus que les autres. Elle passait son temps à fouiner, à observer et à écouter les conversations des autres, et du coup, elle avait fini par engranger une quantité phénoménale d'informations sur ses chers camarades, ou sur les professeurs. Il suffisait parfois d'être là au bon moment et au bon endroit pour apprendre quelque chose qui pourrait se révéler important, le moment venu. Bon, Koralyne était peut-être un peu trop curieuse, et de fait, quand elle se mettait à poser des questions, elle pouvait se montrer un peu trop insistante. Un flot ininterrompu de questions pouvaient franchir ses lèvres sans discontinuer, jusqu'à ce que le souffle lui manque et qu'elle soit dans l'obligation de s'interrompre. Ceux à qui elle parlait avaient tout intérêt à saisir cette opportunité de prendre la parole, au risque de se voir à nouveau ensevelis sous les questions.
Pour l'instant, Eden subissait sans broncher cet interrogatoire matinal, mais il faut dire que même si elles étaient devenues très proches, cela ne faisait pas si longtemps que ça qu'elles se connaissaient, et encore moins longtemps qu'elles vivaient ensemble. Eden n'avait pas encore eu le temps de se sentir irritée par le caractère particulier de Koralyne -nul doute que cela finirait par arriver.

Eden finit par répondre, réfutant la théorie du garçon au smoothies, arguant que ce n'était pas elle qu'il regardait, mais plutôt Koralyne. Celle-ci haussa un sourcil dubitatif, car ce n'était pas du tout l'impression qu'elle avait pu avoir, mais elle n'insista pas, et laissa à Eden l'opportunité de poursuivre et, peut-être, de lui dire avec qui elle sortait -car Koralyne l'avait bien remarqué, elle ne l'avait pas contredit! Mais elle en profita surtout pour prévenir Koralyne qu'elle risquait bel et bien d'avoir un choc. La brune resta muette, tous ses sens en alerte, et elle écarquilla légèrement les yeux, son cerveau fonctionnant déjà à plein régime alors qu'Eden cherchait du courage en prenant une profonde inspiration. De qui pouvait-il bien s'agir? Koralyne n'en pouvait plus de se perdre en spéculations et elle dut prendre son mal en patience pour ne pas crier à Eden : un nom, vite, dis moi son nom!, d'un air hystérique. Il allait vraiment falloir qu'elle se calme, songea-t-elle vaguement.

Les explications d'Eden étaient un peu confuses. Son petit copain était à St Lawrence, sans y être élève, il vivait en ville, et Eden l'avait rencontré à une fête. A ces mots, Koralyne hocha distraitement la tête. Oui, elle avait entendue parler de cette fête de pré-rentrée, toutes les occasions étant bonnes à St Lawrence pour faire la fête, mais elle-même n'avait pas eu envie ne serait-ce que d'y poser l'orteil. Elle avait déjà assez donné, en matière de fête, et s'était promis de ne plus jamais y retourner. Mais Eden avait voulu y aller, et Koralyne l'avait laissé faire, espérant que son amie en aurait vite assez. De toute évidence, à cette soirée elle avait rencontré son nouveau copain, et Koralyne passa mentalement en revue tous les lycéens qui étaient déjà revenus de leur vacances d'été. Pour l'heure, ils étaient peu nombreux, mais il y en avait peut-être un qui avait plu à Eden. Elle se souvint alors que le mystérieux petit ami n'était pas élève, et elle fronça les sourcils, intriguée. L'allusion à l'accent français la fit se plonger dans une intense réflexion, mais elle n'avait pas entendue parler d'élèves étrangers, ni de lecteur français. Diantre, elle ne voyait pas du tout de qui il pouvait s'agir!
C'est l'allusion à son age qui fit tiquer Koralyne, et lorsqu'Eden lui prit la main pour lui confirmer qu'il s'agissait d'un homme vraiment plus âgé qu'elle, la brune se figea, et finalement, ouvrit de grands yeux.

Antoine Constantin, professeur de français à St Lawrence, véritable coqueluche des lycéennes en chaleur de l'école. Il faut dire qu'il n'était pas vilain, mais de là à avoir une liaison avec un homme aussi.. vieux! Muette et immobile, Koralyne prit le temps de digérer l'information. Elle était très tolérante et acceptait beaucoup de choses, mais aucune de ses amies proches ne lui avaient avouées ce genre de choses, et elle prit le temps d'y réfléchir.
Bon, Eden couchait avec Mr Constantin -Koralyne ne pouvait se résoudre à l'appeler autrement, il était quand même son prof de français depuis son entrée à St Lawrence- et ce depuis peu. De toute évidence, cette relation cachée rendait Eden heureuse -il y avait de quoi, Mr Constantin était bel homme, gentil, avec de l'humour et très intelligent. Quelle femme saine d'esprit ne voudrait pas de lui? Enfin, ce n'était pas le cas de Koralyne, fort peu attirée par les hommes mûrs, mais après tout, pourquoi pas? Ensuite, elle songea à ce que cela impliquait, et ce qu'Eden et son nouvel amant risquaient. Il va sans dire que les relations entre professeur et élève sont formellement interdites, et Mr Constantin risquait gros, très gros. Si cela venait à se savoir, Eden se ferait juste expulser, et d'après ce que Koralyne savait sur la jeune fille, ce ne serait pas la première fois. Mais Mr Constantin pouvait non seulement se faire virer, mais perdre le droit d'enseigner. Ce n'était pas à prendre à la légère. Eden savait-elle tout ce qu'une telle relation impliquait, en terme de risques? Il fallait l'espérer.

Considérant alors que cette information n'altérait en rien l'amitié qu'elle éprouvait pour Eden, Koralyne cligna des yeux, comme reprenant vie, et elle fit une moue pensive.

" Il est pas un peu vieux? " dit-elle alors, et elle eut un sourire amusé. " T'es folle. " ajouta-t-elle en secouant la tête, un peu incrédule, puis elle haussa les épaules, comme pour lui faire comprendre que cela ne changeait rien, de son point de vue. Néanmoins, elle ne pouvait rester sans rien dire de ses craintes, et elle choisit d'en faire part à Eden, en choisissant soigneusement ses mots. " Tu sais quand même ce que vous risquez, tous les deux? Si jamais ça se sait, et je te souhaite, enfin je vous souhaite que cela n'arrive jamais, mais si ça se sait... tu seras expulsée, pour commencer. Mais il risque gros, très gros. Tu en as conscience quand même? "